Dans le Jura, la forêt de la Joux, un « poumon vert » à l’écorce tannée

Avec celles de la Fresse et de Levier, la forêt de la Joux forme un « corridor » vert d’environ 40 km, des portes de Champagnole jusqu’aux confins du Doubs.

C’est Louis XIV et Colbert qui ont assuré sa gloire. A l’époque, les sapins élancés de la Joux étaient pile adaptés aux mats des bateaux de la marine royale.

Ce marché n’est plus d’actualité. Mais l’Office national des forêts (ONF) sélectionne et coupe toujours, sur la partie domaniale, 35 à 40 000 m3 de sapins et d’épicéas par an, un travail de bûcheronnage et de débardage sous-traité à des entreprises privées.

Débouchés : les bois de charpente et aussi du petit et du « mauvais » bois pour la filière énergie (chaudières).

Les grands sapins sont la fierté de la Joux. Certains dressent leurs troncs droits comme des généraux jusqu’à 50 mètres et ont plus de deux siècles.

Grâce à une pluviométrie soutenue (hélas, moindre aujourd’hui), ils poussent de 50 à 80 cm par an.

Le plus célèbre est bien sûr le sapin-Président. Une tradition jurassienne qui consiste à élire dans chaque forêt le plus majestueux d’entre eux. Il est alors protégé jusqu’à ce que mort s’ensuive, de vieillesse ou d’accident (foudre).

Côté faune, les chevreuils, renards, lynx et même chamois gambadent toute l’année en forêt.

On trouve aussi des écureuils et des sangliers, deux espèces à part… Les premiers sont le surnom donné aux forestiers qui, à l’automne, jouent les funambules au faite des conifères pour récolter les cônes. Un métier payé à la tâche et que certains pratiquent encore en sautant d’une cime à l’autre (le temps, c’est de l’argent !). D’où l’appellation « d’écureuils » !

Les « sangliers » prennent moins de risque. Leur job consiste à éplucher l’écorce de troncs d’épicéas coupés pour décoller des lanières (sangles) qui seront utilisées dans le cerclage des boîtes de mont d’or, ce délicieux fromage coulant franc-comtois.

Nus et striés, les troncs pelés ressemblent alors à de gros bambous qu’un escadron de koalas aurait déchiquetés…

Plusieurs aménagements ont été réalisés à travers la forêt pour éclairer le visiteur.

Au fil de la « Route des Sapins » (42 km d’itinéraire routier bien fléché), quatre sites au moins s’imposent : le sapin-président, le sentier de la Glacière (30 minutes de boucle pédestre dans une réserve forestière biologique de 1933 - magnifiques essences !), le belvédère des Chérards et sa vue plongeante sur la canopée de la forêt basse (la Joux s’étage de 650 à 900 m) et la Maison forestière du Chevreuil.

Pour ce qui est des anecdotes au cœur d’une nature authentique, la forêt de la Joux est un jeu de piste passionnant !

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